Rapport Sicard : les réactions (6)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Pour Jean Leonetti, « la gauche française est ici sur la défense de l’individu plutôt que sur la solidarité collective. Considérant que le combat contre l’euthanasie est le même que celui contre la peine de mort, Robert Badinter nous met en garde contre les lois d’exception sur des droits fondamentaux comme le droit de vivre. Le suicide est un droitliberté, il concerne l’individu et non pas la société. Il n’est pas un droit créance sur la société. On ne peut demander à la société de répondre à son désir. Le suicide n’est en fait pas une vraie liberté, il s’agit le plus souvent de personnes désespérées ou de malades en très grande souffrance et qui préfèrent le néant à ce qu’ils vivent ». Roger-Gérard Schwartzenberg répond : « Notre démarche n’est nullement individualiste, mais de solidarité face à la souffrance – avec un État qui assume pleinement ses responsabilités, à la différence de la Suisse, voire de l’Oregon. Je souhaite un débat parlementaire serein et digne, car il n’y a pas de clivage politique résultant de l’appartenance à la gauche ou à la droite sur de tels sujets. Il ne peut y avoir que des différences tenant aux convictions personnelles d’ordre spirituel ou philosophique de chacun, convictions toutes estimables. C’est un problème de compassion, d’humanité : parvenir à un texte consensuel qui permette au malade en phase terminale de partir sans souffrir davantage ». Jean Leonetti estime que « la difficulté surviendra lorsqu’on se trouvera confronté à des personnes dont les durées de vie potentielle sont importantes : il y aura alors un vrai clivage entre ceux qui disent « au nom de l’autonomie de la personne et de l’individu, je réclame à la société qu’elle me donne la mort », et ceux qui répondront que « la véritable solidarité d’une société n’est pas de donner la mort à ceux qui souffrent mais de pourvoir au soulagement en supprimant la souffrance ». Pour Roger-Gérard Schwartzenberg, il est nécessaire d’aller au-delà de la loi de 2005, et de reconnaître le droit pour le patient d’obtenir une assistance médicalisée pour terminer sa vie dignement, s’il est dans une phase avancée ou terminale qui lui inflige une souffrance insupportable qui ne peut être apaisée. L’essentiel est de respecter la volonté exprimée par le malade et la détermination par chacun de son propre destin. Bref, le droit des patients à disposer d’euxmêmes. Choisir sa mort devrait être la dernière liberté ».
Le Figaro Magazine, 4 janvier 2013. http://prg94.org/WordPress3/wp-content/uploads/2013/01/MAG1680_083.pdf(texte intégral).