Demande de mort : pour ou contre le suicide assisté ?
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Quels sont les arguments en faveur du suicide assisté ? « Répondre à la demande d’autonomie et d’autodétermination de la personne ; répondre à la revendication d’une liberté et de soulager l’angoisse existentielle d’une mort sur laquelle l’homme n’a pas de prise ; déresponsabiliser directement la médecine ; échapper à l’inquiétude du « chemin de croix » et d’une agonie anxiogène ; se fonder sur une simplicité apparente de la décision ; créer un sentiment d’appartenance à une communauté militante ; permettre à l’entourage familial de se préparer à la fin de vie ; permettre que l’acte de se donner la mort soit « bien fait » ; ne pas susciter d’angoisse dans la société en raison de la liberté totale du geste ; faire l’objet d’un contrôle a posteriori par la police et la justice ». Quels sont les arguments en défaveur du suicide assisté ? « Être source d’une inflation des droits libertaires qui risquent de diminuer, voire nier, les devoirs collectifs de solidarité ; se fonder sur un discours sur la dignité qui risque de créer, qu’on le veuille ou non, en contraste, un sentiment de culpabilité pour certaines personnes en situations identiques, stigmatisant ceux qui n’y recourraient pas ; solliciter le médecin (et le pharmacien) pour la prescription ; être très inégal sur la rapidité de survenue du décès, entre trente minutes et plusieurs heures, pouvant mettre à l’épreuve ceux qui y assistent ; demander un certain courage qui peut manquer à ce moment-là ; comporter un risque d’instrumentalisation par le groupe, en raison de ce sentiment d’appartenance à une association militante ; être susceptible de créer parfois des situations de violence ressentie par l’entourage, avec un impact éventuel sur le deuil qui peut être délétère ; supposer une totale capacité physique et mentale au moment de l’acte ; être très inadapté aux situations terminales et de fin de vie en raison des risques de vomissement ou de prise incomplète de la substance létale ; être à la source d’inégalités socioculturelles et intellectuelles, en raison de la difficulté pour un grand nombre de personnes d’anticiper leur mort ; aboutir à l’absence de contrôle a priori dans les expériences étrangères, avec une confiance absolue dans le contrôle des critères par le médecin et en déléguant à une commission la seule évaluation a posteriori ».
Sicard D (rapp.). Penser solidairement la fin de vie. Rapport à François Hollande, président de la République française. Commission de réflexion sur la fin de vie en France, 18 décembre 2012. www.elysee.fr/assets/pdf/Rapport-de-la-commission-de-reflexion-sur-la-fin-de-vie-en-France.pdf(texte intégral).