Identité communautaire (5)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
16 mars 2013

Nombre de pays européens sont confrontés au vieillissement de leur population immigrée. En France, la prise en charge des migrants âgés, en grande partie de confession musulmane, n’est pas encore résolue. Faire évoluer les structures pour personnes âgées pour qu’elles soient « culturellement adaptées » aux besoins des migrants âgés, former spécifiquement les travailleurs sociaux et les professionnels de santé, favoriser le recrutement de personnel qualifié d’origine immigrée dans les structures de soins et d’assistance, encourager les recherches en socio-gérontologie afin de mieux comprendre la situation des migrants âgés : telles étaient quelques-unes des recommandations formulées en 2003 par le Conseil de l’Europe [organisation internationale dont la mission est de promouvoir la démocratie et de protéger les droits de l’homme et l’État de droit en Europe, à ne pas confondre avec le Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement des États-membres de l’Union européenne]. Marc Bernardot, professeur de sociologie à l’Université du Havre, constate : « la situation des migrants âgés post-coloniaux interroge depuis trente ans. Au milieu des années 1980, on constate un vieillissement massif et accéléré de cette population qui est souvent en situation de précarité sociale. On l’a traité par le biais du culturalisme à travers des colloques, des animations socio-culturelles. Les pouvoirs publics ont longtemps considéré que les migrants âgés rentreraient dans leur pays à l’âge de la retraite. Or ce n’est pas le cas. Ils se sont sédentarisés dans les foyers et ont vieilli. » La solution de l’EHPAD communautaire contrevient au modèle républicain. Deux projets franciliens de mise en place de services ou structures spécifiques aux migrants maghrébins, à Bobigny et Colombes, ont échoué. « Les résidents maghrébins sont tout aussi réticents que les autres familles à l’idée de s’enfermer dans un établissement accueillant des personnes très dépendantes », explique Jean-Marie Oudat, directeur de Coallia. Les hésitations des migrants âgés à intégrer un EHPAD ont bien été identifiées par les acteurs : l’écart entre les représentations de la vieillesse, les ressources laissées par le prix de journée et les soins du corps délivrés par un personnel majoritairement féminin. Les barrières sont sociales et communautaires. « Pour inciter le public des migrants âgés à aller en EHPAD, il faut tenir compte des interdits alimentaires, des rites mortuaires, des ressources faibles de cette population », estime Bernard Devert, président d’Habitat et humanisme. Il a suggéré à la mission parlementaire d’autoriser les collectivités locales à affecter un pourcentage de lits éligibles à l’aide sociale en priorité aux personnes d’origine étrangère. Denis Jacquat, député UMP de Moselle et président de la mission d’information sur les immigrés âgés, n’est pas favorable au concept de discrimination positive.

Le Mensuel des maisons de retraite. Conseil de l’Europe. Assemblée parlementaire. Recommandation 1619, 8 septembre 2003.

http://assembly.coe.int/Documents/AdoptedText/ta03/FREC1619.htm (texte intégral)