Médicalisation des maisons de retraite : les limites (1)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
16 mai 2013

Michel Paquet, d’Actualités sociales hebdomadaires, écrit : « la médicalisation des maisons de retraite engagée par les pouvoirs publics montre aujourd’hui ses limites. Outre qu’elle se heurte à la pénurie de personnels soignants, elle tend à transformer ces lieux de vie en établissements sanitaires » : en effet, « beaucoup de directeurs de ces établissements se sont retrouvés en difficulté à manager des métiers de cultures différentes. Ils se sont alors réassurés en privilégiant les soignants ». Quant à elle, Olga Piou, directrice du CLEIRPPA (Centre de liaison, d’étude, d’information et de recherche sur les problèmes des personnes âgées), qui défend une vision sociale de la gérontologie, ne conteste pas la nécessité d’adapter les institutions à la dépendance, mais regrette la dérive qu’entraîne la hausse du niveau de dépendance : « en pressant les hôpitaux pour faire sortir au plus vite les patients âgés, les pouvoirs publics poussent à la médicalisation des EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), sans vision à long terme. Il faudrait au contraire donner la priorité aux services à domicile pour répondre aux attentes réelles des familles et placer les EHPAD dans une logique d’allers et retours avec le domicile. » « Au final, le développement des places médicalisées est devenu le seul horizon des pouvoirs publics », dénonce Michel Paquet. « Beaucoup de gestionnaires n’ont d’autre choix que de se tourner vers l’accueil de personnes très dépendantes pour bénéficier de crédits supplémentaires de l’assurance maladie. Certains groupes en font d’ailleurs leur spécialité en affichant, dans chacune de leurs unités, des niveaux de dépendance dignes de longs séjours hospitaliers. Le problème de ces établissements est que, même si leurs budgets sont plus élevés, ils ne sont jamais à la hauteur de l’enjeu. De plus en plus de directeurs se sentent piégés dans ce système avec, d’un côté, des résidents très lourdement handicapés et, de l’autre, l’impossibilité de recruter des personnels en nombre suffisant. » 

Actualités sociales hebdomadaires, 3 mai 2013.