Vocabulaire

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
11 septembre 2013

Dans sa nouvelle édition de mai 2013, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) publié par la Société américaine de psychiatrie a remplacé le terme de démence par trouble neurocognitif majeur. Et en France ? Dans une lettre à la Revue de gériatrie, Michel Davin, gériatre au centre hospitalier de Moulins-Yzeure (Allier), s’insurge contre le terme de démence. Le gériatre évoque « une triple peine, puisque la peur de la mort inhérente à chacun, car indissociable de la vie, s’accompagne de la terreur de vieillir non pas dans une évolution classique de pertes diverses (mnésique, sensorielle, deuil…) associée à des apports sublimes (grand-parentalité, gestion du temps, sagesse du grand âge, augmentation des mémoires sémantiques et savoir, bonté, humour…) mais dans celle du vieillissement pathologique du malade qui va se faire vers la déliquescence progressive et inéluctable de ses facultés cognitives et de son psychisme. Ceci sans apport d’élément positif, avec l’impossibilité totale de résilience par la réminiscence, ajoutant ainsi une quatrième peine, celle de la solitude absolue. Comment conjuguer au passé ou même au présent une espérance ensevelie dans la perspective d’une interminable nuit mnésique. Cet isolement qui correspond à une solitude imposée est inhérent à cette déficience de type Alzheimer : maladie de la relation à autrui qui ne permet au patient de s’exprimer que par la sensorialité (regard, toucher, gestuelle…), alors que la parole qui fait le propre de l’homme n’est plus capable d’exprimer correctement l’angoisse absolue d’une déchéance irrémédiable. » Par quoi remplacer le terme de démence ? « Déficience, insuffisance ou trouble cognitif, il est important de pouvoir, à chaque fois, préciser le stade de la maladie, avec une gradation légère, modérée, importante, majeure. Il est aussi vital de définir la notion essentielle du passage de difficultés cognitives à celui de la maladie. Nous savons tous, en effet, qu’un certain nombre de troubles cognitifs peuvent parfaitement rester isolés pendant des années, voire régresser », déclare le gériatre.

Davin M. Manifeste urgent contre la démence. Revue de Gériatrie 2013 ; 531-532.