Diagnostic et la prise en charge de la maladie d’Alzheimer : remise en cause des nouvelles recommandations de la HAS (2)

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Date de rédaction :
16 février 2012

Sur ce point particulier, le Formindep précise que selon lui, six lignes nouvelles du chapitre sont « très floues et inopérantes pour le praticien » : la HAS indique que « le traitement médicamenteux spécifique est une option dont l’instauration et le renouvellement est laissé à l’appréciation du médecin prescripteur ». Pour le Formindep, « aucun passage ne fait référence au nouvel avis de la commission de la Transparence d’octobre 2011 qui justement rappelle ce rapport bénéfice/risque des médicaments : SMR [service médical rendu] faible, ASMR [amélioration du service médical rendu] de niveau 5 [pas d’amélioration avec avis favorable à l’inscription, dernier niveau avant l’avis défavorable]. Pourtant, c’est en tenant compte de cet avis que le rapport bénéfice/risque du traitement pour un patient pourra être le mieux évalué ». Le Formindep rappelle l’annexe 2 (page 24) de l’avis de la commission de la Transparence : « Les données sur les critères de santé publique tels que le retard à l’entrée en institution, le passage à un stade de sévérité ultérieur, le fardeau de l’aidant ou la mortalité sont insuffisantes pour conclure à un impact favorable. En conséquence, l’intérêt de santé publique rendu par les traitements spécifiques de la maladie d’Alzheimer n’est toujours pas démontré ». « L’indépendance de l’expertise ne suffit pas », pour le Formindep, qui écrit : « Contrairement à 2008, le groupe de travail ne comprend pas d’experts en situation de conflits d’intérêts majeurs, cependant certains des experts continuent de bénéficier du soutien de firmes pharmaceutiques concernées par les médicaments anti-Alzheimer au travers du financement de leurs associations (patients, formation), sociétés savantes et des congrès auxquels ils participent. Cette recommandation s’apparente à un « avis d’experts » correspondant à une information scientifique du plus faible niveau de preuve ». « La recommandation sur le diagnostic et la prise en charge de la maladie d’Alzheimer est une très large reprise de celle de 2008 élaborée sous influences industrielles. La tentative de la HAS en 2011 d’améliorer à la marge l’indépendance de l’expertise, et le non-respect des critères de rigueur d’élaboration des recommandations n’ont pas permis l’amélioration de la recommandation qui n’est au final qu’un ravalement de façade d’un bâtiment de plus en plus insalubre, aux charpentes vermoulues par les intérêts industriels. Avec cette nouvelle imposture, la HAS a réussi le tour de force de maintenir sur une recommandation au service des intérêts des firmes en la faisant signer par des experts présentés sans liens d’intérêts majeurs avec ces firmes. Déclinaison du ghostwriting [« nègre littéraire »] appliqué à des documents officiels ? Instrumentalisation de l’indépendance et mauvais coup en tout cas porté de nouveau à l’intérêt de la santé des patients ».

Formindep. HAS et recommandations. La « nouvelle » recommandation Alzheimer 2011… 5 février 2012.  www.formindep.org/spip.php?page=imp_article&id_article=516. Commission de la transparence. Annexe II. Données sur les conditions d’utilisation et l’impact de santé publique des médicaments indiqués dans le traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer. www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2011-11/annexe_ii_donnees_utilisation_20-10-2011.pdf (texte intégral). 20 octobre 2011.