Diagnostic de la démence : quelle utilité, quels obstacles en médecine générale ? (1)

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Date de rédaction :
19 juin 2012

Les médecins généralistes posent souvent le diagnostic de démence avec un retard considérable par rapport à la progression de la maladie, rappellent Constance Pond et ses collègues, de l’école de médecine et santé des populations de l’Université de Newcastle (Australie), en collaboration avec le Professeur Henry Brodaty, de l’Université de Nouvelle-Galles-du-Sud. Une reconnaissance précoce des symptômes permet de traiter les éventuelles causes réversibles du déclin cognitif et les co-morbidités, telles que la dépression. Un diagnostic précoce permet aussi aux personnes malades de prévoir l’avenir tant qu’elles en ont encore la capacité (testaments, désignation d’une personne de confiance ou d’un tuteur, mise en place de directives anticipées). Les personnes malades peuvent être orientées vers des services de soutien adaptés, ou des centres de diagnostic spécialisés pour un complément d’évaluation et/ou une confirmation du diagnostic initial. Des médicaments spécifiques peuvent être essayés. La formation des personnes malades et des familles, les groupes de soutien permettent aux aidants de mieux comprendre les comportements difficiles pour mieux y faire face. Le rôle d’aidant est particulièrement stressant, et un tel soutien peut réduire la dépression des aidants et les préparer au maintien à domicile des personnes atteintes de démence le plus longtemps possible.

Quelles sont les raisons de l’échec des médecins généralistes à poser un diagnostic précoce ? Ils recherchent rarement d’autres causes possibles d’incapacité cognitive (maladies somatiques, médicaments, dépression), sont lents à communiquer le diagnostic aux patients et à leurs aidants, et n’adressent pas les personnes aux services, groupes de soutien, centres mémoire ou autres dispositifs spécialisés. Les obstacles sont le temps limité de la consultation, le manque de connaissances sur la démence, l’attitude et la réticence des généralistes à diagnostiquer une maladie pour laquelle il n’existe pas de traitement curatif. Les chercheurs australiens ont mis au point un test de détection rapide pour tenir compte de la courte durée de la consultation (GPCOG) et évaluent l’effet d’une intervention de formation à la démence par des visites de pairs.

Pond CD et al. Ageing in general practice (AGP) trial: a cluster randomised trial to examine the effectiveness of peer education on GP diagnostic assessment and management of dementia. BMC Family Practice 2012, 13:12. Mars 2012.

www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3323889/pdf/1471-2296-13-12.pdf