Délire : un facteur important de risque de démence (1)

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Date de rédaction :
01 septembre 2012

Une étude menée par Alden Gross, docteur en santé mentale à l’Institut de recherche sur le vieillissement à l’Université Harvard de Boston (Etats-Unis), auprès de deux cents soixante-trois personnes atteintes de maladie d’Alzheimer, suivies jusqu’à cinq ans, montre une forte prévalence du délire post-hospitalier chez les personnes atteintes de maladie d’Alzheimer (56%), délire associé à un déclin cognitif deux fois plus rapide pendant l’année suivant hospitalisation. Ce déclin accéléré s’observe encore jusqu’à cinq ans après l’hospitalisation.

Une étude internationale récente, menée par Daniel Davis, du département de santé publique de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni), a montré que le délire était un très important facteur de risque de démence chez les personnes très âgées (risque multiplié par un facteur 9, ce qui suggère fortement un lien de causalité). Qu’est-ce que le délire ? Sónia Martins et Lia Fernandes, de l’unité de recherche sur le vieillissement de l’Université de Porto (Portugal), proposent une revue du concept. Le syndrome est documenté dans la littérature médicale depuis plus de deux mille ans. Hippocrate utilisait les termes de phrenitis (frénésie ; de phren : l’esprit ou les facultés cognitives) et lethargos ((léthargie ; de lethe : oubli et argos : inactif, inutile, paresseux) pour décrire les manifestations hyper et hypoactives du délire. En latin, delirare signifie étymologiquement « s’écarter du sillon ». Aujourd’hui, le délire est synonyme d’un état de confusion aiguë. Il n’a été standardisé en tant qu’entité clinique qu’en 1980, dans le référentiel de diagnostic psychiatrique international DSM-III. Dans la version actuelle (DSM-IV, 2000), le délire est caractérisé par la survenue rapide de symptômes, pouvant fluctuer dans la même journée, d’altération de la conscience, de perturbation généralisé de la cognition ou d’anomalies de la perception. Myron Weiner, gérontopsychiatre à l’Université du Texas (Etats-Unis), le définit comme une insuffisance cérébrale aigüe, correspondant à l’incapacité du cerveau d’assimiler et de répondre de façon appropriée à des stimuli internes et externes.

Gross AL et al. Delirium and Long-term Cognitive Trajectory Among Persons With Dementia. Arch Intern Med, 20 août 2012. http://archinte.jamanetwork.com/. Davis DHJ et al. Delirium is a strong risk factor for dementia in the oldest-old: a population-based cohort study. Brain 2012: 135; 2809–2816. Août 2012. http://brain.oxfordjournals.org/content/135/9/2809.full.pdf+html?sid=2ef3141f-cdbc-4875-a03c-db2f20deba0b (texte intégral). Martins S et Fernandes L. Delirium in elderly people: a review. Front Neurol 2012; 3:101. 19 juin 2012. www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3377955/pdf/fneur-03-00101.pdf (texte intégral). Weiner MF. Impact of delirium on the course of Alzheimer disease. Arch Neurol, 17 septembre 2012. http://archneur.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=1358223.