Diagnostic précoce : les avis divergent

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Date de rédaction :
01 octobre 2012

 « Maladie d’Alzheimer, faut-il aller vers un diagnostic précoce ? » titre Santé magazine de novembre. Le Professeur Jean-Luc Harousseau, président de la Haute autorité de santé (HAS) répond : « Oui. Le patient et son entourage doivent savoir la vérité », mais précise que « les généralistes doivent agir avec discernement. Quatre cas doivent inciter à un dépistage précoce : les personnes qui ont une modification de leurs troubles cognitifs ; celles dont l’entourage a noté une aggravation des troubles cognitifs ; les patients qui se plaignent de chutes, de confusions… ; et ceux qui résident dans une structure d’hébergement en raison de troubles de la mémoire, de la conscience… ». « Lorsque le médecin suspecte fortement une maladie d’Alzheimer, il est censé proposer le diagnostic. Il doit également la vérité à son patient et à son entourage. Un dépistage précoce permet une prise en charge médico-sociale, un soutien par la famille. Entamés plus tôt, ils demanderont un travail moins important aux aidants. Et s’il n’y a toujours pas de preuve qu’une prise de médicaments plus en amont soit plus efficace, on peut supposer qu’elle stabilise l’état ou retarde l’aggravation de la maladie ».

Le Pr Vincent Renard, président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) est d’un avis contraire : « Non. Attention aux retentissements psychologiques et sociaux ».  Le praticien remarque que « les troubles cognitifs légers touchent 10% à 25% de la population. Ils augmentent avec l’âge et n’affectent pas que les malades d’Alzheimer. De plus, il est difficile de les différencier des troubles mnésiques évocateurs d’Alzheimer, d’où un risque d’erreur de diagnostic ». « Un diagnostic précoce n’est utile que si les médecins ont des solutions à proposer. Sinon, l’intérêt n’est qu’intellectuel pour les praticiens. Les seules recommandations pour les patients sont pour l’instant des conseils d’hygiène de vie pour entretenir la mémoire, qui s’adressent à toute la population vieillissante. Tant qu’il n’existe pas de réponse médicale apportant un bénéfice à ces patients, ne trouvent-ils pas plus d’inconvénients à un diagnostic prématuré ? Il peut induire des conséquences psychologiques, liées au stress de l’annonce de la maladie, et des répercussions sociales, avec un risque de stigmatisation ».

Santé magazine, novembre 2012. Neuroscoop, 17 octobre 2012.