Le diagnostic précoce en question (1)

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Date de rédaction :
16 mai 2013

« Les médecins s’interrogent sur l’intérêt de poser un diagnostic précoce sachant que seuls les symptômes de la maladie peuvent aujourd’hui être traités », écrit Damien Mascret, du Figaro. « Faut-il poser le diagnostic de la maladie d’Alzheimer dès les premiers symptômes, ou même avant qu’ils n’apparaissent ? » Pour Bruno Dubois, de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière à Paris, « il n’y a aucune raison de ne pas avoir pour la maladie d’Alzheimer la même stratégie qu’avec les autres maladies. Mais il faut se poser deux questions : Pouvons-nous le faire ? Pourquoi le faire ? » et si la maladie est confirmée, « la révélation du diagnostic doit toujours être faite avec extrêmement de précaution et d’humanité ». Pour Florence Pasquier, du Centre mémoire de ressources et de recherche du CHRU de Lille, « les patients qui ont des troubles de la mémoire s’inquiètent et ont besoin d’une réponse. Comme tout patient qui se plaint de quelque chose à son médecin.» Pour Jean-Marc Orgogozo, du pôle neurosciences cliniques au CHU de Bordeaux, il faut aussi considérer le bénéfice d’écarter parfois le diagnostic tant redouté car, « à l’issue d’une consultation mémoire, nous rassurons plus souvent que l’inverse. Plus d’une fois sur deux ce n’est pas une maladie d’Alzheimer ». En septembre 2011, le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) avait estimé qu’un « dépistage ou un diagnostic trop précoce peut conduire à de nombreux diagnostics faussement positifs et provoquer une angoisse inutile chez les patients et leur entourage ». Selon le Professeur Orgogozo, «au stade léger, près de trois malades sur quatre ne sont pas diagnostiqués. Au stade avéré, c’est encore le cas de la moitié d’entre eux et, au stade sévère, un tiers ne le sont toujours pas ». Il est probable que les réticences au diagnostic précoce resteront fortes chez les généralistes, tant qu’il n’existera pas de traitement curatif et que l’on devra se contenter de traiter les symptômes. 

Le Figaro, 9 avril 2013.