Diagnostic précoce : reconnaître l’expression d’une plainte

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Date de rédaction :
16 juin 2013

Pour Thierry Gallarda, psychiatre, psychothérapeute, responsable du centre d’évaluation des troubles psychiques et du vieillissement à l’hôpitalSainte-Anne de Paris, il s’agit de « reconnaître l’expression d’une plainte, l’accompagner, y répondre » : « les expressions de la plainte déposée auprès d’un psychiatre qui a vocation à s’occuper de “personnes âgées” varient au gré de la rencontre singulière entre le patient et son médecin. Elles possèdent néanmoins des fondamentaux communs : chape de la solitude, peur de la mort et tristesse d’abandonner les siens, douleur de vieillir dans son âme et dans son corps, effroi de la rencontre avec ces maladies qui provoquent une dégénérescence du cerveau jusqu’à la perte inéluctable du sentiment de soi, tentation de la dépression et de la régression voire d’une mort volontaire… On concevra qu’au-delà d’une écoute se devant d’être attentive, bienveillante et empathique, s’impose la pratique d’un travail multidisciplinaire et pluriprofessionnel pour répondre aux enjeux de ces pratiques préfiguratives de la médecine et de la psychiatrie de demain ». L’identité de la personne est ébranlée, ajoute Jacques Gaucher, professeur de psychologie à l’Université Lyon-2 (laboratoire Santé, individu, société, EAM SIS/HCL 4128) : « l’annonce de la maladie d’Alzheimer est particulière en ce sens qu’elle véhicule le spectre de la “démence”. Ce vocable est aujourd’hui proscrit parce qu’il est insupportable pour la société. Mais, la personne concernée, ses proches, ne sont-ils pas confrontés à la “double peine” d’être exposés à la démentification, la perte d’identité plus ou moins rapide et inéluctable et, dans le même temps, à l’interdit d’en dire quelque chose. L’écart entre les représentations effrayantes et hostiles qui s’imposent lors de la prise de conscience des enjeux de la maladie d’Alzheimer, d’une part, et la convention sociétale qui fait état d’une maladie que la science pourrait un jour éradiquer, d’autre part, est une question qui mérite d’être posée parce qu’elle est éthique ».