Diagnostic précoce : de quoi parle-t-on ?
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Diagnostic et pronostic sont tous deux formés sur le radical grec (gnô-), du verbe qui signifie « connaître », rappelle Armelle Debru, professeur émérite d’histoire de la médecine à l’Université Paris-Descartes, dans l’avant-programme de l’Université d’été de l’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer (EREMA), qui se tiendra en septembre 2013 à Lille. Le premier terme consiste à reconnaître, ou plus précisément à discerner (-dia) les signes pertinents pour identifier une pathologie ; le second, à élaborer à l’avance (pro-) un savoir sur le futur. « Le diagnostic porte sur l’état présent, sur un faisceau de phénomènes existants, tandis que le pronostic porte sur l’avenir, sur un déploiement plus ou moins prévisible ou probable, mais qu’on peut globalement anticiper. Présent, futur ? L’image est un peu trop claire. Les Anciens déjà ne s’y trompaient pas, en définissant le pronostic comme la connaissance “du passé, du présent et du futur”. C’est cette clarté temporelle que vient à son tour troubler la notion récente de “diagnostic précoce”. Car s’il consiste bien en une lecture de signes présents, déjà pathologiques ou susceptibles de le devenir, la recherche porte en amont, remontant aussi haut que possible ».