Biographies
Société inclusive
Comment garder une trace avant que le temps n’emporte tout ? Marie Bernard, biographe, vient proposer ses services à des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, en collaboration avec France Alzheimer Haute-Garonne. Elle évoque une « mémoire nomade » : « dans cette maladie, les souvenirs qui partent en premier sont les plus récents, et les plus anciens sont aussi les mieux ancrés. En prenant le temps, on tire les fils, et on déroule ainsi l’histoire des gens.» Si le récit n’est pas complet lors des premières rencontres, la biographe bouche les trous au fil des séances, jusqu’à obtenir un résultat final cohérent. Du côté des malades, l’expérience est positive : « les gens découvrent des ressources qu’ils ignoraient, justement dans le domaine de la mémoire qui leur fait défaut. Et du côté de la famille, on voit tomber des suspicions sur la maladie, et des liens se créer. L’entourage du malade a une image qui ne va pas toujours vers les capacités restantes ; ça fait bouger les choses ! » Une personne malade commente sa propre biographie : « c’était des moments sympathiques, ça m’a rappelé des bons souvenirs, et on a beaucoup rigolé ! Maintenant je replonge dedans quand je suis toute seule, j’aime bien regarder à nouveau les photos.» Un livre qu’elle ne manque pas de partager, en particulier avec ses petits-enfants, qui en ont chacun un exemplaire. Aujourd’hui l’association et Marie Bernard poursuivent l’expérience, qui compte quatre biographies supplémentaires.