Tant de choses à dire. Ateliers artistiques pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, coordonné par France Alzheimer (5)

Société inclusive

Date de rédaction :
01 juillet 2014

Julie Pestourie est professeur de danse contemporaine diplômée d’État. Pour elle, « le mouvement dansé, aussi minime soit-il, est un moyen d’expression qui valorise les personnes, quel que soit leur degré de dépendance. Un geste se construit sur une intention, un désir, un objectif. Il se traduit par des variations parfois infimes de tonus, c’est ce qui en fait la qualité » : « il est question ici d’entrer dans la danse, à l’écoute de ses sensations, en relation avec le groupe. » Le mouvement dansé est exploré à partir de différents supports, qui stimulent l’imaginaire et soutiennent l’attention : balles, foulards, plumes, ou le simple contact entre participants. « En fonction de son état du moment, chaque personne est libre de trouver et de poser ses propres limites » : si une personne est trop fatiguée pour se lever, elle peut improviser assise sur sa chaise, ou observer les danses des autres participants. « Nous avons constaté que les troubles du comportement s’amenuisent, voire disparaissent pendant le temps de l’atelier. Sur un plus long terme, l’implication des personnes est de plus en plus importante. Cela se manifeste dans l’attention et l’écoute des propositions de chacun, l’envie de danser et d’échanger avec le groupe. Une grande complicité se tisse entre les participants et les intervenants. » Christine Swingmann, danse-thérapeute, explique : « dans le cadre des ateliers auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, la danse donne au corps la possibilité d’être un langage à la place de la parole. Et parmi les art-thérapies, elle est l’art le plus proche du corps. Elle est la seule à utiliser à la fois la masse (le corps, le flux), le rythme (le temps, va-et-vient entre le temps interne et externe par la musique sur laquelle on danse), l’intensité (le poids, le tonus, l’énergie, les pulsions incarnées) et la vitesse (l’espace, le modelage du mouvement). » Elle décrit le cas d’Ariane, quatre-vingt-neuf ans, totalement désorientée dans le temps et dans l’espace, vivant en unité de soins de longue durée. L’équipe soignante craignait constamment les chutes. Au bout de la cinquième séance, elle ne marchait plus, elle dansait dans les couloirs en valsant : elle tenait mieux en équilibre grâce à cette démarche rythmée. « Tout le service hospitalier a fini par l’appeler “notre danseuse”. L’approche relationnelle s’en est trouvée modifiée, humanisée. L’estime de soi d’Ariane s’est améliorée et lui a rendu une identité perdue. »

France Alzheimer. Tant de choses à dire. Ateliers artistiques pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Paris : Le Cherche-Midi. ISBN 978-2-7491-3602-8.

www.francealzheimer.org/sites/default/files/Tant%20de%20choses%20%C3%A0%20dire_bon%20de%20souscription.pdf. Septembre 2014.