Flore, de Jean-Albert Lelièvre (2)
Société inclusive
« C’est sans doute la force du soin palliatif chronique que nous montre ce film : la vie en fait partie intégrante », écrit Jean-Christophe Mino, médecin de santé publique et directeur du Centre national de ressources soin palliatif. « Tout comme le soin est vital, la vie ordinaire peut être un soin. Réinstiller la vie, quand on est gravement malade, consiste certes à entretenir un rapport plus pacifié avec son corps et à expérimenter les sensations les moins inconfortables, les moins déstructurantes possibles. Mais c’est aussi et surtout vivre, sentir, être entouré au quotidien de cette vie immédiate, en soi, autour de soi, celle des autres, de la nature, les gestes répétés qui en font la trame, le simple fait de respirer, manger, dormir au soleil, marcher sur un chemin dans la garrigue… Le film ébranle bien des idées reçues sur les pathologies cognitives et sur la façon dont on peut entourer les personnes malades. Grâce à ce soin de la vie – et de la nature -, il nous montre une personne vivant et vivante avec son atteinte cognitive. Malgré la maladie, son étrangeté, par-delà le fossé qui nous sépare d’elle, Flore semble une femme “heureuse” comme le pense son fils, le cinéaste Jean-Albert Lièvre. Certes Flore est un cas extra-ordinaire qui relève d’une famille particulière, d’une décision personnelle et de moyens économiques et culturels privilégiés et conséquents. Il ne s’agit pas de célébrer les qualités humaines et professionnelles de ceux qui l’accompagnent. Ce film n’est pas une leçon de morale. Gardons-nous d’héroïser des personnages, fussent-ils réels. Contentons-nous de faire de leurs pratiques une source de réflexion et de créativité. Flore apparaît comme un encouragement à voir autrement les personnes malades d’Alzheimer, et à penser pour elles des soins vivants, inspirés du modèle du soin palliatif et de l’accompagnement. »
www.soin-palliatif.org/actualites/flore-ce-que-soigner-veut-dire, 24 septembre 2014.