Still Alice, de Richard Glatzer et Wash Westmoreland (2) Janvier 2015
Société inclusive
La journaliste Catherine Shoard, du quotidien britannique The Guardian, écrivait en octobre 2014 que pour amener les spectateurs à s’intéresser davantage au déclin de l’héroïne, le réalisateur a « rajouté des couches de tragédies sonorisées au klaxon de l’ironie. La maladie d’Alzheimer d’Alice n’est pas qu’une forme précoce, c’est une forme génétique rare, avec une chance sur deux qu’elle la transmette à ses enfants. Sa fille est traitée pour infertilité, ce qui peut l’amener à tester les embryons dans le cas où ceux-ci seraient porteurs de la mutation. Alice et son mari sont des spécialistes des neurosciences et de la mémoire : Alice peut donc comprendre sa situation en profondeur pour en faire une présentation à la Société Alzheimer. » Pourtant, dit la journaliste, « dans ma propre expérience, la maladie d’Alzheimer n’a pas vraiment besoin d’une exacerbation dramatique. La vie quotidienne est déjà assez mouvementée. Vous êtes constamment plongé dans de nouveaux traumatismes, de nouvelles horreurs, occasionnellement amplifiées par un peu d’humour ou d’humanité. Le simple fait de faire face à la souffrance de quelqu’un d’autre vous déchire. Ma grand-mère est morte depuis dix ans et je continue à rêver d’elle chaque semaine. Passer par là doit être comme si l’on était bloqué dans le pire train fantôme imaginable. » Pour en revenir au film, « il n’est pas nécessaire de surexciter le spectateur : c’est dangereux. Still Alice cumule les exceptions : exceptionnellement jeune, exceptionnellement rapide, exceptionnellement ironique. » Pour la journaliste, « la maladie d’Alzheimer est différente d’autres maladies fatales : ceux qui en sont atteints sont largement invisibles. L’intérêt persistant du cinéma pour les seuls cas inhabituels, célèbres ou tristes risque d’enfermer dans un ghetto la majorité des personnes malades. On dirait que la société voudrait se réfugier derrière toute excuse pour ne pas affronter la réalité. Pourtant, la maladie d’Alzheimer ne tue pas la personnalité d’une personne, ni sa capacité de ressentir des émotions. »