Le village Alzheimer

Société inclusive

Date de rédaction :
17 février 2015

Dans le journal belge Le Vif, Caroline Lallemand écrit : « vu de l’extérieur, l’endroit ressemble à n’importe quel petit village batave : un élégant ensemble résidentiel, une épicerie, un cinéma, différents restaurants, un bureau de poste, un salon de coiffure, des jardins avec étang,…il manque juste une école. Mais ses habitants n’en ont pas besoin, car ils sont tous atteints d’une forme sévère de démence. Ils ont rejoint Hogewey, situé à quelques kilomètres d’Amsterdam, pour y couler paisiblement leurs derniers jours. Dans ce qu’on a vite surnommé le “village Alzheimer”, tout est prévu pour que les cent cinquante-deux patients vivent une vie “normale”, déambulant à leur envie sans entrave ni horaire mais tout en étant encadrés discrètement vingt-quatre heures sur vingt-quatre par une équipe composée de deux cent cinquante personnes (infirmières gériatriques, spécialistes et manutentionnaires confondus) qui ont tombé la blouse blanche. Un réseau de caméras parfait le mécanisme de surveillance. Que l’un d’entre eux tente de sortir du périmètre sécurisé, et le voilà gentiment remis sur la bonne voie. » La journaliste poursuit : « ici, pas de longs corridors monotones ouvrant sur des chambres sans âme » : Les résidents vivent à six ou sept dans des pavillons de deux étages, disséminés dans un espace de 1.5 hectare, « avec chacune leur style unique selon les goûts et le mode de vie passé des résidents. Dans certaines maisons, le temps semble s’être arrêté au milieu des années 1950, d’autres en pleine époque seventies, remontant à la période à laquelle la mémoire des résidents a cessé de fonctionner correctement. » Ce type d’habitat fait polémique : « des experts avancent que les patients vivent dans un monde irréel, à la manière d’un Truman Show, façon Alzheimer, ce film américain [Peter Weir, 1998] dans lequel Jim Carrey découvre que sa vie est en fait une téléréalité et que tout ce qu’il pense être vrai est un mirage créé par des producteurs pour amuser le public. » Mme Van Amerongen, l’une des fondatrices du village, s’insurge : « nous ne trompons personne, c’est une vraie société ici. » D’autres experts soutiennent le concept : un environnement adapté évite le « phénomène néfaste » de l’isolement, souvent la cause d’une dégradation rapide de l’état des personnes malades. Au contraire, les résidents de Hogewey mangent mieux, prennent moins de médicaments et vivent plus longtemps. » A quel prix ? « Hogewey a été créé, à l’origine, par le gouvernement néerlandais et sa construction a coûté 25 millions d’euros », explique la journaliste. Le coût réel de l’hébergement est de 7 000 euros. Grâce aux subventions de l’État, un loyer ne peut excéder les 3 200 euros, une somme qui varie en fonction des revenus des résidents.

Sur le même sujet de « village fermé », la revue d’innovation marketing L’ADN, distribuée par e-mail à quatre-vingt-dix mille professionnels, titre « plus on est de fous… »