Ouverture sur la cité : liberté et sécurité (3)
Société inclusive
Sur quatre-vingts résidents, le dispositif « anti-égarement » n’a été activé que pour une douzaine, et la décision n’est jamais prise à la légère. Les cas de désorientation sont évoqués lors des transmissions suivant le repas de midi, un moment d’échange intense entre aides-soignantes, infirmières, aides médico-psychologiques, médecin coordonnateur, ergothérapeute, kinésithérapeute. Les résidents, autant que possible, et leurs familles sont consultés mais, au final, c’est le médecin traitant du résident qui prescrit l’installation d’un tel dispositif, considéré comme un système de contention dont l’utilité doit être régulièrement réévaluée. Un nouveau résident qui ne connaît pas la ville a ainsi été équipé de la montre « anti-égarement ». « Nous travaillons avec lui et sa famille pour qu’il apprenne à se repérer et à identifier les lieux où il a envie d’aller, indique la directrice. « Sa famille nous a dit qu’il aimait bien aller boire un café au troquet. Peut-être pourra-t-il bientôt y aller tout seul ou avec un autre résident, il n’aura alors plus besoin du dispositif. » Quant à la contention, il n’est plus question, sauf situation exceptionnelle, d’attacher des résidents à leur fauteuil pour éviter les chutes. Anne Mesnil, ergothérapeute, travaille avec l’ensemble de l’équipe pour élaborer des dispositifs protecteurs et confortables, mais qui laissent le plus de liberté possible. Une attention particulière est consacrée aux coussins. « Nous essayons au maximum de permettre aux personnes en fauteuil roulant de déjeuner sur des sièges classiques, explique-t-elle. Il est indispensable de sécuriser les transferts et d’installer confortablement les personnes. » Des coussins triangulaires permettent ainsi de maintenir les dos et d’éviter les fausses routes. « Je travaille sur ceux-ci avec la couturière, elle les recouvre de jolies housses assorties au décor du restaurant. Cela a l’air de détails, mais c’est important pour le regard que les personnes portent sur elles-mêmes ainsi que pour celui que les autres portent sur elles. » Un récent comité d’éthique a réuni cinquante personnes pour un débat intitulé « attacher pour la sécurité ou détacher pour la liberté ». « À la fin, les familles présentes nous ont dit être très touchées d’entendre toutes les questions que se pose le personnel ». « Nous mettons tout en œuvre pour protéger les personnes, mais la vie, c’est aussi prendre des risques ! », conclut la directrice.
Actualités sociales hebdomadaires, 20 mars 2015.