Ouverture sur la cité : liberté et sécurité (1)
Société inclusive
A Maromme (Seine-Maritime), le Villâge des Aubépins a fait le choix de s’ouvrir à la ville environnante. En supprimant son secteur fermé dédié aux personnes atteintes d’Alzheimer, cet établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD a privilégié l’autonomie des résidents, tout en garantissant au mieux leur sécurité. . La ville est visible de l’établissement. De nombreux appartements sont dotés de balcons et les fenêtres descendent jusqu’au sol. « Cela permet aux personnes alitées de ne pas seulement voir le ciel et la cime des arbres », explique Marie-Pascale Mongaux-Masse, la directrice. La cité s’invite même dans la maison de retraite : le salon de coiffure comme celui d’esthétique sont largement fréquentés par une clientèle extérieure. « Nous avons voulu qu’ici ce ne soit pas que des “commerces pour vieux” » : il n’y a pas d’horaires particuliers pour les résidents, qui peuvent y rencontrer des habitants de Maromme. « Hier, une dame a lié conversation avec une résidente. Celle-ci était ravie », raconte Vanessa Lhermitte, la coiffeuse qui, avant de s’installer dans ce salon, était intervenue dans plusieurs EHPAD comme coiffeuse à domicile. Chez la couturière, c’est une autre résidente qui a retrouvé l’une de ses anciennes connaissances. Construit en carré autour d’un patio central, le Villâge des Aubépins a été conçu comme une petite ville : rues du Ventre, des Pipelettes, des Penseurs, des Étourdis, place des Souvenirs, des Amours… les couloirs portent des noms choisis par le personnel. Créés à partir de matériaux de récupération par Dominique Paris, une artiste rouennaise, des mobiles donnent un peu de vie et de mouvement aux larges couloirs tout en complétant la signalétique. « Nous voulions qu’en associant des objets aux lieux, ils puissent offrir des repères visuels pour les personnes qui souffrent de désorientation. Cela fonctionne ». Le pôle d’activités et de soins adaptés (PASA) rassemble douze personnes pour des activités adaptées à leurs troubles cognitifs. « La porte de cet espace n’est fermée que ponctuellement pour ménager des temps de concentration, mais les personnes peuvent manifester à tout moment leur envie de sortir. Le reste du temps, elle demeure ouverte pour que d’autres résidents puissent passer un moment », insiste la directrice. Si de nombreuses activités sont proposées, certains préfèrent passer de longs moments seuls dans leur appartement. « Nous nous assurons simplement que la personne va bien, précise-t-elle. Le désir de solitude doit aussi être respecté. Certaines personnes décident de venir en EHPAD parce qu’elles ne se sentent plus en sécurité à domicile. Pour elles, la vie en collectivité n’est pas un choix ».
Actualités sociales hebdomadaires, 20 mars 2015.