La dépendance devient un sujet pour l'entreprise (2)

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
15 octobre 2013

« En facilitant le processus de prise en charge de la maladie d’Alzheimer d’un parent du salarié, l’entreprise ne sort-elle pas de son rôle ? interroge la journaliste des Échos. « Les syndicats ont accueilli favorablement l’initiative dès lors que la confidentialité des données recueillies était garantie », argumente Emmanuelle Tingaud. « L’entreprise ne peut effectivement tout résoudre mais entendre la fragilité implique d’y répondre en toute humanité », évalue Georges Sanerot, président du directoire de Danone. « Surtout lorsque l’entreprise devance la société pour le bien général », estime Séverine Reboullet, de Casino. Pour la sociologue Bénédicte Champenois-Rousseau, présidente d’HEC au féminin, « les entreprises semblent effectivement redécouvrir le paternalisme bienveillant du XIXe siècle, ce qui est d’autant plus surprenant à l’heure de l’extrême vulnérabilité du lien entre le salarié et l’entreprise, des collaborations temporaires et des embauches précaires. » Cependant « concourir à installer une solution d’hébergement est une chose, mais seul le crédit temps permet réellement sur le long terme de gérer un parent dépendant. » La sociologue s’inquiète pour cette génération de femmes « pivots » : « après avoir aidé les enfants à grandir, elles s’occupent des vieux parents. Autant d’obligations qui freinent le développement de leurs carrières et grèvent leurs droits à la retraite. » Les entreprises utilisent ces nouveaux services pour renforcer leur image de marque : « en l’absence de leviers salariaux efficaces, l’entreprise cherche des avantages non financiers », explique Joël Riou, président d’Asap Solutions. Les jeunes salariés semblent apprécier :« ils sont friands d’organisations souples et de palettes de services larges dans lesquelles piocher même si le besoin apparaît lointain », témoigne Bertrand de Senneville, directeur général des relations sociales de L’Oréal. « La politique RSE (responsabilité sociale de l’entreprise) est un argument massif, confirme Sévérine Reboullet, de Casino : « témoins des difficultés de leurs propres parents face aux grands-parents vieillissants, ils sont attentifs à la mise en musique de la politique sociale. »