Le parcours de soins : par devoir premier d’humanité
Droit des personnes malades
« Nous arrivons en fin d’un paradigme qui voit les gouvernements adopter des mesures annuelles permettant de faire tenir une hausse tendancielle des dépenses de 4% dans un ONDAM (objectif national des dépenses de l’assurance maladie, montant prévisionnel voté chaque année par le Parlement) de l’ordre de 2.5% », écrit Alain Cordier, membre du collège de la Haute autorité de santé, vice-président du comité consultatif national d’éthique et membre du comité d’alerte sur l’évolution des dépenses de l’assurance maladie. « Le défi posé par la transition épidémiologique est bien plus grand, en ce qu’il s’agit d’infléchir durablement la pente des dépenses sans porter atteinte à la qualité du soin, quand les outils éprouvés de la régulation ne suffiront pas pour réaliser des ONDAM à moins de 2%. Une convergence de points de vue s’opère en France comme en de nombreux pays ». Le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie l’exprime ainsi : « C’est autour de l’amélioration de la qualité des parcours de soins, en portant prioritairement l’attention aux situations complexes pour lesquelles il y a le plus d’évidences de non-qualité, que se situe aujourd’hui un des gisements décisifs de qualité soignante et d’efficacité économique de notre système de santé. » Pour Alain Cordier, « parler de maladies chroniques, de polypathologies ou d’autonomies altérées, c’est mettre au jour autant de situations de vie appelant le recours à de nombreux professionnels de santé et de l’accompagnement, et aux aidants naturels. Tout faire pour décloisonner et coordonner les compétences et les pratiques s’impose dès lors. D’abord parce que les ruptures dans l’accompagnement y sont insupportables. Y mettre fin est le devoir premier d’humanité qui donne sens à notre engagement professionnel. »
Cordier A. Les parcours de soins et de santé sont-ils une évolution inéluctable de notre système de santé ? Actualité et dossier en santé publique 2014 ; 88 : 43-45.