Dignité : comment l’enseigner ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
19 novembre 2013

Peut-on se former à la dignité ? s’interrogent  Véronique Lefebvre des Noettes, psychiatre du sujet âgé et Céline Le Bivic, psychologue clinicienne, du centre hospitalier Emile-Roux de Limeil-Brévannes (Val-de-Marne). « La maladie d’Alzheimer, parce qu’elle modifie l’être et le savoir-être des personnes qui en sont atteintes, modifie aussi le regard que nous portons sur elles et donc nos pratiques soignantes. En perdant leur autonomie, perdent-elles aussi leur dignité ? Sommes-nous dignes de leur dignité ontologique [qui concerne l’être, le fait d’exister] ? Partant de notre expérience clinique, nous proposons une réflexion éthique et philosophique pour un regard vigilant fondé sur une présomption de compétences de ces patients, inscrite dans notre altérité. » Les deux cliniciennes expliquent : « la démence n’est pas synonyme de pertes, de dépendance, d’indignité, d’incompétence décisionnelle » : « de même que ce n’est pas aux personnes mises en examen de prouver leur innocence, ce ne devrait pas être aux malades de démontrer qu’ils sont en mesure de prendre des décisions. Si le médecin a l’impression que la personne n’est pas en état de comprendre ou de choisir, il lui incombe d’établir que ces capacités lui font défaut. Autant que cela n’est pas établi, il doit informer. » Et « quand on prend le temps de saisir le bon moment (le kairos des Grecs) au sens d’Aristote, la résurgence de capabilités, d’un possible “être au monde” peut à nouveau s’exprimer dans un sourire, un dessin permettant l’accès à des pépites de vie et à une volonté de communiquer. »

Lefebvre des Noettes V et Le Bivic C. Peut-on se former à la dignité ? NPG Neurologie Psychiatrie Gériatrie 2013 ; 13(78) : 331–336. Décembre 2013.

www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1627483013000615.