Évasion

Les fugues, quoique considérées comme fréquentes dans la maladie d’Alzheimer, ont fait l’objet de peu d’études, expliquent le Dr Dominique Huvent-Grelle, de l’hôpital gériatrique Les Bateliers du CHRU de Lille et ses collègues du comité scientifique de la Société septentrionale de gérontologie clinique. L’étude EVADE (Étude sur la survenue de fugues auprès de plus de six mille six cents personnes âgées résidant dans soixante-cinq établissements du département du Nord en 2009), a permis de recenser soixante-six événements de fugue concernant quarante-huit personnes âgées (huit résidents étant « récidivistes »). Le « fugueur » fugue seul. Les « fugues » ont une durée inférieure à une heure. Dans 55% des cas, il s’agit d’une « sortie fugue » d’un résident qui souhaite notamment retourner chez lui. Aucune « fugue » n’était due à une défaillance du système de sécurité de l’établissement (cinquante-quatre structures disposaient de systèmes de sécurité de type digicode ou bracelets électroniques de surveillance). Tous les fugueurs ont été retrouvés. Aucun décès n’a été constaté pendant la durée de l’étude. Ces travaux suggèrent que les fugues sont probablement moins fréquentes qu’on ne le croit habituellement et qu’elles se terminent heureusement bien la plupart du temps. Toutefois, la prévention de ce que l’on appelle de manière stigmatisante des « fugues » doit faire l’objet d’une réflexion de la part des établissements accueillant des patients atteints de démence : recueil de l’histoire de vie du résident, formation des soignants, mesures architecturales sont nécessaires, avec le souci de préserver les libertés et la qualité de vie des résidents et de leurs proches tout autant que leur sécurité.

Huvent-Grelle D et al. Les fugues en EHPAD. L’étude EVADE : étude sur la survenue de fugues auprès de 6 649 patients âgés institutionnalisés dans le nord de la France. Revue de Gériatrie 2013 ; 38(9) : 663-667. Novembre 2013. www.revuedegeriatrie.fr/index.php.