Lien sans mémoire
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Dans le cadre de la construction des liens intergénérationnels, « si les vieux constituent la mémoire, à quoi “servent” ceux qui n’en ont plus ? » s’interrogent la psychosociologue Martine Dorange et ses collègues de la Fondation nationale de gérontologie. « L’apport de ces vieilles personnes atteintes d’une maladie d’Alzheimer ou d’un trouble apparenté est important pour tous », répondent-elles. Si leur mémoire se délite progressivement, ils ont été, quoi qu’il en soit, acteurs de l’histoire collective et familiale et le sont encore autrement. La démence interpelle au plan individuel comme au plan collectif et oblige chacun d’entre nous à y réfléchir : réfléchir à nos croyances, réfléchir au sens de nos parcours, de ceux de nos proches, de ce que l’on souhaite pour eux comme pour nous. Autrement dit, ces vieux-là, celles et ceux qui souffrent de la maladie d’Alzheimer, nous disent que l’on peut être vivant autrement, apprennent aux plus jeunes à accepter et tolérer cette différence-là, et plus globalement, ils expriment que la relation humaine ne se conçoit pas en termes utilitaires, que la matérialité du lien peut s’exprimer diversement et qu’un “lien sans mémoire” peut exister. »
Dorange M et al. Les enfants et les jeunes face à la maladie d’Alzheimer : La médiation par le livre. Rev Gériatrie 2013 ; 38 : 773-777. Décembre 2013. www.revuedegeriatrie.fr.