Psychologues : quelle place en établissement ?
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Louis Ploton, psychiatre et professeur émérite de gérontologie à l’Université Lyon-2, fait un point sur le rôle et la position des psychologues en établissement. Il note des ressources mal exploitées, des volumes d’heures restreints et constate des « pertes de chance » pour les résidents : « les équipes ne sont pas formées à la psychologie du point de vue psycho-dynamique. Elles croient trop à la rééducation, à la stimulation des malades. Je n’ai pas peur de dire que cette approche persécute les patients fragiles. Il faudrait tenter de les motiver en s’appuyant sur les ressorts affectifs, mais ce type d’approche existe trop peu, que ce soit dans les services gériatriques ou dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. » Quant à leur place, « les psychologues ne sont effectivement pas traités comme des cadres », explique Louis Ploton. « Les EHPAD tournent autour du directeur, du médecin-coordonnateur et du cadre de santé ou de l’infirmière référente. Les psychologues sont membres de l’équipe pluridisciplinaire, mais rarement de l’équipe de direction. » Les personnes atteintes de troubles cognitifs sont-elles selon lui bien prises en charge ? « Il faudrait que les établissements adoptent de vraies politiques “Alzheimer” pour ces résidents, qui représentent 75% de la population accueillie. Les PASA devraient être la règle, avec un point de rencontre la nuit, pour que l’angoisse et le vécu d’abandon puissent être soulagés. De même, la liberté d’aller et venir pourrait s’améliorer en s’appuyant sur les nouvelles technologies. C’est ainsi qu’un résident pourrait entrer dans sa chambre mais pas dans celle d’un autre et disposer, ou non, de la possibilité de sortir de l’établissement. Il suffit pour cela d’une puce électronique comme pour les clés de voiture sans contact. »
Géroscopie pour les décideurs en gérontologie, février 2014.