Exprimer sa plainte
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
« De quelques désespoirs qu’une âme soit atteinte, la douleur est toujours plus forte que la plainte », écrivait Jean de la Fontaine (La matrone d’Éphèse), qui exprime l’écart qui peut exister entre la réalité de la douleur, son ressenti par le patient et la plainte qu’il exprime », écrivent les Professeurs Gilles Berrut, président du gérontopôle Autonomie longévité au CHU de Nantes, et Olivier Guérin, du pôle de gérontologie du CHU de Nice. Les deux gériatres rappellent que « longtemps, ces trois aspects de la douleur ont été considérés comme obligatoirement relatifs, proportionnés et cohérents (…) Mais la connaissance que nous avons des personnes âgées présentant une altération cognitive, même légère à modérée, nous a fait percevoir progressivement la discordance parfois importante qui peut exister entre une absence de plainte, une douleur réelleparfois importante et un ressenti inexplorable. Mais doit-on traiter par excès des douleurs devant des signes variables allant du retrait des membres, de la confusion, ou même de la modification simple du comportement ? Doit-on multiplier les échelles utilisant tous les artifices du comportement du patient par analogie à celle du nouveau-né, associée à une évaluation d’équipe. Ces questions ne sont pas résolues et en tous cas ne peuvent avoir une réponse unique quelles que soient les circonstances.
Berrut G et Guérin O. La douleur du sujet âgé : une expression de la singularité qui interroge nos pratiques collectives. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2014 ; 12(1) : 4.