L’acculturation du champ « psy » à la maladie d’Alzheimer (3)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
29 avril 2014

En conclusion, la maladie d’Alzheimer est aujourd’hui saisie par le champ « psy » de trois façons, résume Fabrice Gzil. En premier lieu, le nombre de psychologues, de psychiatres et de psychanalystes aujourd’hui impliqués dans le soin et la recherche sur la maladie d’Alzheimer est beaucoup plus important qu’il y a quinze ans. En deuxième lieu, les travaux de recherche menés durant cette période ont considérablement modifié l’approche de la démence. « Alors que celle-ci était jusque-là très centrée sur les déficits, ils ont montré l’existence de capacités (affectives, émotionnelles, cognitives, mnésiques) préservées ; la très grande sensibilité des personnes malades à leur environnement matériel et humain ; et la nécessité de développer des approche centrées sur la personne, attentives à la singularité des individus. Ces travaux ont également donné de précieux éléments pour comprendre l’expérience subjective de la maladie d’Alzheimer » et ont « incité les professionnels à ne pas chercher seulement à stimuler les capacités, mais aussi à minimiser les sources d’inconfort et de souffrance psychiques, et à essayer de soutenir, par tous les moyens, le sentiment d’identité et de continuité d’exister des personnes malades. En troisième lieu, la maladie d’Alzheimer a, en retour, assez profondément modifié le champ « psy » lui-même : « il est en effet vite apparu que les techniques d’orientation dans la réalité appliquées de manière brutale et mécanique avaient plus d’effets délétères que positifs, et qu’une approche en termes de réhabilitation, centrée sur les capacités et les besoins singuliers de l’individu, était préférable à une approche en termes de stimulation. On s’est également progressivement aperçu que l’atteinte des processus de pensée et la mise à mal de la mémoire et du langage rendait difficile, mais pas impossible, la pratique psychothérapeutique », conclut Fabrice Gzil.  Dans l’enquête de la Fondation, des psychologues témoignent : « les personnes malades sont capables de beaucoup de choses, elles ont besoin d’une marge de liberté, et elles ont beaucoup de choses à dire pour améliorer leur propre prise en charge. »

Gzil F. La maladie d’Alzheimer saisie par le champ « psy ». Histoire d’une acculturation réciproque. Le Carnet Psy 2014 ; 180 : 26-31. Mai 2014. Fontaine D et al. Psychologues et maladie d’Alzheimer. La Lettre de l’Observatoire des dispositifs de prise en charge et d’accompagnement de la maladie d’Alzheimer n°23, avril 2012. www.fondation-mederic-alzheimer.org/content/download/13986/61590/file/FMA%20LETTRE%20N24%20Web.pdf(texte intégral).