Isolement : les « fantômes sociaux »

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
12 juillet 2014

La solitude subie, durable, objective, touche cinq millions de Français, selon une enquête de la Fondation de France, réalisée par l’Institut TMO auprès de quatre mille personnes. Parmi eux, la proportion des personnes de plus de soixante-quinze ans a considérablement augmenté, passant de 16% en 2010 à 27% en 2014. « C’est une progression effarante, et une bombe à retardement », estime Francis Charhon, directeur général de la Fondation de France. « On pourrait penser que la cause est démographique : ils sont plus nombreux, donc ils sont mathématiquement plus seuls. Mais c’est plus grave que cela. Il y a un vrai délitement du lien social, notamment en ville. Il y a de plus en plus de personnes âgées qui n’attendent plus que le facteur, qui n’apporte que des factures. » Le point commun de ces « fantômes sociaux » âgés ? Ils sont conscients de leur situation, ils la subissent, en deviennent même parfois les artisans sur fond « d’à quoi bon ? » : près du tiers d’entre eux se reconnaissent dans cette phrase : « Les gens autour de moi ne s’intéressent pas vraiment à moi. » Ils n’ont pas eu d’enfants, ou bien ceux-ci habitent loin et les liens sont distendus. Ils ont plus fréquemment que les autres des handicaps qui réduisent leur mobilité. Et surtout, ils n’ont plus de réseau de voisinage. « Ce réseau-là s’est dangereusement érodé en quatre ans », constate Francis Charhon. Pour la première fois, plus de la moitié des Français de plus de soixante-quinze ans ne reçoivent plus ce « Alors, comment ça va aujourd’hui ? » qui les maintient dans la vie, écrit Florence Deguen, du Figaro.

Fondation de France. 2010-2014 : les Français de plus en plus seuls. Les Solitudes en France.www.fondationdefrance.org/content/download/18469/260127/version/5/file/solitudes142.pdf (texte intégral), 4 juillet 2014. Le Parisien, 7 juillet 2014.