La personne de confiance : la mise en cause de la capacité de la personne malade (4)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
23 novembre 2012

Pour Sophie Moulias, gériatre au laboratoire d’éthique médicale de l’Université Paris-V-René-Descartes et ses collègues de l’unité gériatrique de l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt, « les professionnels de santé, mais aussi les aidants ont du mal à accepter la possibilité qu’un patient atteint de la maladie d’Alzheimer puisse désigner sa personne de confiance. Les troubles de la compréhension sont mis en avant. Et si la personne désignée n’était pas la personne de confiance idéale ?  Est-ce que cette non-permission de désignation est plus délétère au patient ou au médecin ? », interroge-t-elle « Le patient perd un représentant légitime à ses yeux et à ceux de la loi. Il perd la possibilité d’exprimer sa parole, que ce soit celle d’hier ou celle d’aujourd’hui. Les professionnels perdent un interlocuteur dans une prise en soins complexe et impossible à réaliser sans aide professionnelle » : « ainsi, le fait d’avoir une maladie d’Alzheimer conduit à perdre son droit de désigner sa personne de confiance dans la plupart des cas. Ce droit est perdu par anticipation et non de fait, les troubles du patient ne l’empêchant pas de désigner stricto sensu ». PourSophie Moulias, « cette suppression du droit de désigner sa personne de confiance peut intervenir assez tôt dans la maladie, puisqu’elle est soumise à la libre appréciation des professionnels. Cette perte de droit vient de l’a priori moral de la part des professionnels qui prennent cette décision. Celle-ci repose sur un fort paternalisme médical et une mauvaise connaissance de la loi, la personne de confiance n’ayant pas de pouvoir décisionnel. Le professionnel a l’impression de protéger le patient d’une mauvaise décision qu’il pourrait prendre, le professionnel faisant lui, par définition, un choix bon pour le patient ».

Moulias S et al. Personne de confiance et maladie d’Alzheimer. Soins Gérontologie 2012 ; 98 : 41-44. Novembre-décembre 2012.